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TARTAR(E) DE RAGE, DE RÊVE ET DE RIRE

 

« Tartar(e) ne serait pas en terre incongrue sur la scène des Bouffes du nord à Paris, même si l'air frais lui sied mieux.

 

Chacun de ses spectacles raconte un voyage.

 

Corps d'ascète, il est chez lui en Inde, conteur-né, il a sa place sur le continent des griots, homme soucieux des charivaris et absurdités du temps, il a de quoi faire à Haïti.

 

Pour chaque spectacle, l'acteur se revêt d'un habit qui fait couleur locale, mais il a tôt fait de se retrouver torse nu : c'est le costume qu'il préfère. L'homme est nu comme un vers. Nu comme un poète. Sa barbe blanche rappelle celle de Gaston Bachelard, la netteté de ses gestes plairait à Dario Fo et sa façon d'avancer à coups de digressions ravirait Peter Brook.

 

Tartar(e) est un écrivain. Le texte, c'est souvent là la faiblesse des spectacles de rue, et l'improvisation, qui s'y pratique comme un sport, n'est pas une panacée.

 

Théâtre de rue, celui de Tartar(e) ? Théâtre de ruelle, de rage, de rêve, de rire aussi bien. Appelez le comme vous voudrez. Le théâtre de rue, dans ce qu'il a de meilleur, est moins une forme qu'un état d'esprit. Rebelle. Sans doute. Jamais assis, mais debout.

 

Fait inattendu, ce griot patenté, cet oiseleur de l'oralité aux échappées imprévisibles, cette mappemonde de l'improvisation, ce péquin du matin était venu avec un livre vert, au titre bégayant l'alphabet : « AAA.A ». Soit "Afrique, Amérique, Asie, Ailleurs. Arbre".

Une « partition d'oraleur » réunissant les « scénogrammes » de ses derniers voyages en formes de causeries sous l'arbre, qui fontt les beaux matins d'Aurillac et d'ailleurs.

 

Tartar(e) ne serait pas ce qu'il est sans le festival d'Aurillac et inversement. Tous ceux qui un jour ont voyagé dans les phrases volontiers chahutées de cet animal, parlant la langue de Hugo (qu'il lui arrive de citer en se demandant s'il ne se cite pas lui-même), retrouveront sa tchatche enjouée et chaloupée. Pour un homme qui a grandi dans un lieu dit nommé « Risquons Tout », partir à l'aventure coulait de source. Il revient à cette source, dans le cimetière de ses « vieux », avec un ami tibétain, joli moment.

 

Le théâtre l'attendait au tournant : il rencontra Bernard Dort à l'Institut d'Etudes théâtrales puis Antoine Vitez . Il se chercha avant de devenir Tartar(e) le bavard.

Tôt ou tard « l'appel de la valise » lui fait quitter le bistrot où il aime écrire : « parmi mes frères, une bière à la place du cÅ“ur. » Il ne voyage pas sans carnet de notes dans sa valise cabossée. 

 

Au retour il bricole entre souvenirs, stupeurs, colère et coups de cœur.

 

Tartar(e) a édité un autre livre : le « Grand fictionnaire du théâtre de la rue et des boniments contemporains». Un régal.

 

Voici une courte occurrence de son dictionnaire qu'est le « grand fictionnaire » : Engagé : plus un acteur est engagé moins il a de chances de l'être. »

 

Jean-Pierre Thibaudat, RUE 89 

 

C’est un véritable monologue  que Tartar(e) nous délivre, un monologue amusé, caustique, poétique, érudit, sensible, violent, passionné, désespéré et colérique pour énoncer, dénoncer, décrire et écrire sur l’état du monde. 

Emmanuelle, lectrice.

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