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TARTAR(E) ?

 

"Né à la campagne, j'ai toujours vu des tracteurs, j'ai révé d'être acteur, je suis devenu détracteur "

 

Pupille affublé d’un nom différent de celui de son tuteur, le minot Tartar(e) repère vite qu’entre nom et monde les tiraillements forment un, sinon, Le Sujet.

 

Ainsi chauffé à écrire et fortiche en rédac’, il est nommé nègre de son bahut. S’il triomphe au bac philo, il jette là l’éponge de l’Education Nationale. Mais l’Etat le rattrape et l’expédie au Tchad où cet espiègle accomplit son "service littéraire". Il invente alors sa propre écriture, arme esthétique d’une percée de ses audaces, et s’engage à écrire cinq à dix pages par jour. C’est comme ça qu’en plein désert du Tibesti et à trois semaines de la quille, il vainc Dieu d’une chiquenaude définitive, nouvelle intitulée : "  Dieu existe, c'est la droite qui a raison  ".

 

De retour, guidé par Bernard Dort, il fréquente l’Institut d’Etudes Théâtrales où Antoine Vitez le nomme « Ãªtre-là Â» sur 2 mises en scène (Orfeo de Monteverdi et Hippolyte de Garnier).

 

La voie est royale, trop.

 

Fidèle d’Avignon, il y subit une providentielle éviction lors d’un débat sur l’action culturelle dont, ardent lecteur de Pierre Gaudibert, il brocarde l’angélisme et l’oppressante urbanité… on le prie de sortir.

 

C’est donc dans la rue qu’opèrera désormais cet importun trublion, vendant à la criée un in-folio de son cru, journal de ses tête-à-tête dont celui, épatant, intitulé " je les emmerde" avec Monsieur Hubert Gignoux, de la Comédie Française.

 

Propulsé par le Festival Eclats d’Aurillac où sa verve fait florès, il fera entendre en mille lieux et quinze années durant « son inimaginable débit de banalités intempestives à l’acuité moqueuse, féroce et subtile Â» (François de Banes Gardonne).

 

Parallèlement à ses exploits de diariste verbomane, il compose des arguments pour onze compagnies et intègre durablement la troupe Generik Vapeur quand Pierre Berthelot l’invite en complice d’inspiration.

 

Mais bientôt,  quadragénaire  qu’ étouffe le confort  â€“ fut-il celui des tourments de l’art – cet ogre avide de « bouffer la terre avant qu'elle le bouffe » se fait la malle pour vivre auprès des mathématiciens jains, philosophes caraïbes et autres forgerons de la parole mandingue qui enivrent son existence.

 

Neuf ans passent et des kilos de carnets font son bagage quand la Chartreuse de Villeneuve-Lès-Avignon l’accueille en boursier de la DMDTS et de la SACD pour parachever ses écrits qui deviendront cinq monologues sous le titre générique AAAA. A (Asie, Afrique, Amérique, Ailleurs. Arbre) que l’Entretemps publie grâce à l’assiduité de Claudine Dussollier.

 

Ce ferrailleur retrouve donc la Rue - glas - engluée dans les affres discursives d’une tristounette mission territoriale. Bonhomme, dépassé mais taquin, il décide alors de publier un " Grand fictionnaire du théâtre de la rue et des boniments contemporains " offert en vulnéraire aux blessures du sens subies par les héritiers de la Rue.

 

Enfin, chenu et attentif à conclure, il écrit et joue un allègre "Adieu" assorti du confidentiel "Secrets d'écrits " quand grâce à Eric Burbail, complice, il a la revigorante surprise de s’entendre interprété en musique dans le concert YES PAPA par Gari Greu du Massilia Sound System, rejoint par Dadoo, rappeur, et Daitman Paweto, la " voix d'or du Burkina ".

 

Ainsi Tartar(e), radieux dans la foule qui danse sur ses aphorismes chahuteurs, sourit à Nietzsche et confie avec gourmandise que la diffusion de ses mots, aussi discrète fut-elle que " l’infusion d’une pincée de thé dans l’océan ",  suffit à cette vie qui,  selon Paul RicÅ“ur, " ne devient une existence qu'en quête de narration ".

 

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